La réunion annuelle des Etats autour des objectifs climatiques mondiaux dite la Conférence des Parties se tiendra cette année en Afrique (Egypte) et la RDC prend une part active à l’organisation de cette conférence en servant de siège à sa préparation (PreCop-27). L’enjeu majeur pour les pays africains est d’en découdre avec l’injustice climatique qui fait peser sur eux une lourde responsabilité dans les efforts à fournir pour la conservation des ressources forestières sans contrepartie pondérée de la part de grands pollueurs. Depuis la COP21, les COP se sont succédées sans que n’ait jamais vu le jour la très pharaonique promesse de mobilisation annuelle de 100 milliards USD d’aide à la lutte contre le dérèglement climatique en faveur des nations en voie de développement.
En raison de la centaine de millions d’hectares de forêt qu’il regorge, le bassin du Congo s’impose comme un atout majeur pour l’humanité dans la gestion du dérèglement climatique. C’est en considérant sa capacité d’absorption de carbone, soit 1,2 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, que l’on appréhende mieux le qualificatif de « pays solutions » qu’ont revendiqué la RDC, la Malaisie et le Brésil lors de la COP 26 de Glasgow. Il faut souligner que ces 3 pays détiennent à eux seuls un large pourcentage des forêts tropicales mondiales. Mais comment préserver cette biodiversité essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique sans financer la politique énergétique à même de rendre les communautés locales moins dépendantes des produits forestiers dont le bois de charbon pour leur survie ? Le gouvernement congolais, désespérément en quête de financement, s’est vu contraint de procéder à la vente de ses blocs pétroliers à la lisière de ses aires protégées au grand dam de la communauté internationale.
Favoriser l’accès à l’énergie renouvelable pour diversifier la gamme d’activités économiques des communautés rurales au profit de la protection de l’environnement.
Du point de vue de l’Agence Nationale de l’Electrification et des Services Energétiques en milieux Rural et périurbain (ANSER en sigle), il ne fait pas l’ombre d’un doute que garantir l’accès à l’électricité et aux services énergétiques aux communautés rurales participe à la préservation de la forêt du bassin du Congo.
En effet, en plus du fait que les communautés rurales abreuvent leur besoin énergétique en recourant aux bois morts, elles sont aussi engagées dans la production non durable du bois-énergie avec des conséquences désastreuses sur les forêts du bassin du Congo. La raison de cette situation est qu’en l’absence d’énergie électrique, l’unique produit que les populations rurales peuvent récolter, transformer, conserver et revendre plusieurs mois après, et plusieurs kilomètres loin de chez elles, à savoir dans les grandes villes de la RDC, c’est le charbon de bois. De façon générale, l’empreinte écologique des communautés rurales est faible en comparaison à celle des agglomérations urbaines au profit desquelles le déboisement de forêt s’opère.
Or, plusieurs études économiques ont démontré que l’accès à l’électricité fait exploser l’écosystème économique des communautés rurales avec des possibilités infinies pour la transformation des produits miniers, agricoles et de manufactures. Un mot comme en cent, l’électricité offre une multitude d’alternatives économiques au profit de l’abandon de la filière du charbon de bois.
C’est donc naturellement cette approche, que l’ANSER préconise. C’est, d’ailleurs, tout le sens à reconnaitre à son soutien aux opérateurs de l’électricité et des services énergétiques en milieux ruraux et périurbains. En témoigne le protocole d’accord qu’elle a signé, par le truchement du Fonds Mwinda, avec l’Activité de Soutien aux Forêts et à la Biodiversité (FABS, un projet de l’USAID) pour soutenir la participation du secteur privé et des organisations non gouvernementales en facilitant et en accélérant l’accès aux solutions et alternatives au charbon de bois. Le Fonds Mwinda, conçu pour accélérer l’électrification rurale, poursuit la quête de financement pour l’enveloppe de 500 millions requis pour ses ambitions.
En attendant la COP27, la RDC exprime ses désidératas à la Precop
A l’épineuse équation du faible taux d’accès à l’électricité dans les zones rurales et périurbaines, identifiée comme une cause majeure de la déforestation et de la production du bois-énergie non durable, l’ANSER apporte son expertise technique telle qu’illustrée à ce jour par la production des Plans Locaux d’Electrification des 145 territoires assortis des projets. De quoi dire que l’équation est à moitié résolue. Il n’en demeure pas moins le besoin en financement, l’autre moitié de l’équation.
Lors de la COP26 à Glasgow, la RDC avait exprimé sans détour ses attentes sur le respect des engagements pris à la Cop 21 par les pays industrialisés en faveur des pays abritant les forêts et les ressources naturelles, pour récompenser leurs efforts de protection de ses forêts. « Nous détenons des ressources nécessaires pour réguler la crise climatique et nous sommes à la COP26 pour faire valoir nos acquis et exiger des compensations justes au prorata de nos sacrifices », ainsi s’était exprimé le Président de la République. Cependant, force est de reconnaitre que la concrétisation des promesses obtenues fait encore défaut. Et, pourtant, la manne financière, censée servir des contreparties aux efforts de préservation des forêts de la RDC, pourrait jouer un rôle décisif dans le financement des projets d’électrification des communautés rurales.
Programmés pour début septembre en RDC, les travaux préparatoires de la COP27 seraient l’occasion pour la RDC d’aiguiser son argumentaire en vue d’accéder aux dividendes financiers proportionnels à son engagement pour la préservation du bassin du Congo.